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11 novembre pacifiste

 

Intervention de Laurence Bernier, Présidente du Réseau pour une paix juste au Proche Orient, lors du RASSEMBLEMENT PACIFISTE , samedi 11 NOVEMBRE 2023, à Dole, au monument Jean Jaurès

Je voudrais tout d'abord remercier les organisateurs de ce rassemblement pacifiste (Ligue des Droits de l'Homme, Libre Pensée, CDAFAL, ANACR) qui se tient chaque année le 11 novembre pour dénoncer les horreurs de la guerre, rappeler la mémoire de ceux qui ont été fusillés pour l'exemple et appeler à agir pour la paix. Et qui ont cette année exprimé l'urgence d'un cesser le feu immédiat et la levée du blocus de Gaza, et appelé tous ceux qui choisissent le camp de la paix à se rassembler.

Quoi de plus urgent, de plus vital que de dire Halte à la guerre et d'obtenir un cessez-le-feu à Gaza ! Maintenant ! vite !

C'est vital pour les populations, mais aussi au regard de la situation internationale. Avec l'intensification dévastatrice des bombardements israéliens, les tensions explosives entre Israël et le Hezbollah à la frontière libanaise, la colère qui gronde dans tout le monde arabe et dans ce contexte hautement inflammable, le déploiement renforcé du dispositif militaire américain : tous les ingrédients d'un embrasement du Proche Orient et de ses retombées potentielles dans nos propres sociétés sont réunis. 
Tout dirigeant politique responsable devrait avoir pour priorité absolue de tenter tout ce qui est en son pouvoir pour enrayer cet engrenage fatal !
A Gaza, où les atrocités s'enchaînent jour après jour, Israël conçoit " le droit de se défendre" comme un permis de cibler des ambulances, des hôpitaux ou une foule de civils dans les camps de réfugiés.

Rappelons que ces camps de réfugiés palestiniens existent du fait de l'exode forcé de 750 000 Palestiniens ayant perdu à la fois leur foyer et leurs moyens d'existence durant la guerre de 1948. C'est cette "Nakba" ("catastrophe" en arabe) qui conduisit à la construction dans l'urgence de camps de réfugiés. Cette situation qui ne devait être que temporaire, se prolonge de nos jours, le "droit au retour" défendu par les Palestiniens et reconnu par les Nations Unies (résolution 194) ayant toujours été récusé par Tel Aviv.

A ces premiers réfugiés se sont progressivement ajoutés plusieurs nouvelles générations. Ils se comptent désormais en millions, répartis en 8 camps à Gaza (dont Jaballiya, avec plus de 100 000 réfugiés, est le plus peuplé), 19 en Cisjordanie et une trentaine en Jordanie, au Liban et en Syrie.
                                                                                                                                                                        Nous qui avons dénoncé les attaques du Hamas et le millier de victimes civiles israéliennes, nous dénonçons les bombardements indiscriminés, l'exode forcé de la population gazaoui, le feu-vert donné aux colons pour perpétrer des massacres en Cisjordanie.
Depuis un mois, les atrocités, les morts civils par milliers, laissent aujourd'hui penser qu'un génocide est en train de se dérouler sous nos yeux. Oui, une vie est une vie. Parlons de celles et ceux qui ne sont pas des nombres !

Ils s'appellent : Bassem Mohammad Al-Kafarneh, 5 ans, de la ville de Beit Hanoun. Bassem était un petit garçon qui venait de faire sa rentrée à l'école primaire après avoir quitté l'école maternelle. Bassam aimait le football et le vélo. Il était très attentif à ses cheveux et se coiffait en permanence. 


  • Julia, 3 ans, morte à Kan Younis (dans le sud de la bande de Gaza) avec 36 membres de sa famille qui avaient fui le nord pour se mettre à l’abri

  • Farhana Abu Naja, 82 ans, morte à Rafah - Son prénom signifiait “la joyeuse”, la “contente”. Elle avait subi l’exode de 1948 puisque sa famille a été chassée de ses terres, à Bir Sabaa, l’actuelle Beir Sheva, quand elle était petite.

  • Salma Mohammed el-Mkheimar, 33 ans, habitante de Rafah

« Salma a fait des études de communication en arabe à l’Université. Ensuite, comme il n’y a pas beaucoup de travail à Gaza et beaucoup de chômage, elle a ouvert un salon de coiffure et d’esthétique. La nuit du bombardement, à 3 h 25 du matin exactement. Elle est décédée avec tous ses proches : Au total, vingt personnes dont son fils Ali qui aurait eu un an le 8 novembre. »

  • Mahmoud al-Naouq, 25 ans, Deir El-Balah

    sa famille était originaire de Jaffa, mais en 1948, ils ont été expulsés à Gaza. Leur maison de famille se trouve, au sud du Wadi Gaza, le cours d’eau qui marque la limite entre le nord et le sud de la bande de Gaza, cette zone censée être sûre. Pourtant, dans la nuit du 22 octobre, entre 4 heures et 5 heures du matin, sans qu’aucun ordre d’évacuation n’ait été reçu, leur maison a été bombardée et 21 membres de cette famille ont péri. Mahmoud avait 25 ans. Il avait étudié la littérature anglaise, et était rédacteur et traducteur pour différentes ONG. Le mois dernier, il était fou de joie. Il venait d’être accepté pour un master de relations internationales en Australie. Il devait s’y rendre au milieu du mois d’octobre. Son but était de devenir diplomate
  • Hadeel Abu al-Roos, 33 ans, habitante de Rafah, Enseignante de physique est morte dans un bombardement, aux côtés de son mari Basel al-Khayyat, ingénieur à Gaza et de leurs 4 enfants, Céline (8ans), Eline (5 ans), Mahmoud (2 ans) et Ahmed, 45 jours. 

  • Youssef Abou Moussa, 7 ans, de Gaza ville Youssef est mort le 15 octobre, son père Mohamed, médecin à l’hôpital Al-Shifa de Gaza a appris sa mort alors qu’il venait d’entendre les bombardements et accueillait les victimes.

  • Habiba Abdelqader, 8 ans, de Gaza ville

« Habiba a 8 ans, était une belle fille avec de jolis cheveux roux. Sa maîtresse disait qu’elle était l’une des filles les plus rayonnantes et les plus intelligentes qu’elle ait jamais rencontrées. Elle méritait bien son prénom, qui signifie “la bien-aimée”. Le rêve de Habiba était de devenir médecin elle se préparait pour rejoindre le “conseil des enfants palestiniens”.


  • Dr Areej, 25 ans 

Areej avait 25 ans. Elle était dentiste. Elle était aussi fiancée. Son mariage était censé avoir lieu ce mois-ci. Son fiancé est égyptien et ils avaient tout préparé pour leur nouvelle maison

Elle aimait profondément les enfants et parlait toujours du moment où elle aurait les siens. Areej rêvait d’ouvrir sa propre clinique.  Elle rayonnait d’énergie. . Areej a été tuée mardi 19 octobre dans un bombardement avec 15 membres de sa famille proche dont 9 enfants, le plus jeune avait 5 ans.

Ils ne sont pas quelques-uns à avoir péri dans la bande de Gaza, où du nord au sud, nul n'est à l'abri, mais au moins 11 078 morts, dont 4 506 enfants, 3027 femmes et 27 490 personnes ont été blessées.

La responsabilité de la communauté internationale est énorme ; C'est l'ONU qui en 1947 a décidé qu'il y aurait deux Etats, un état d'Israël et un état arabe de Palestine. Alors il est vraiment temps que soient reconnus les droits du peuple palestinien : égalité des droits nationaux, égalité des droits politiques, égalité des droits individuels.

Nous réclamons une paix juste au Proche Orient, car seule la justice peut ramener la paix dans cette région du monde. Comme le rappelait si justement D. de Villepin ces jours-ci, il n'y aura pas de sécurité pour le peuple israélien tant que son gouvernement optera pour la force, par la vengeance, sur l'ensemble du peuple palestinien. 

Il n'y aura pas de paix sans justice, sans la fin de la colonisation, de l'occupation, sans le droit à l'autodétermination des Palestiniens.


Enfin je conclurai en disant notre détermination à agir pour la paix et la justice qui ne peut s’accommoder ni de l’antisémitisme, ni du racisme, ni des appels à la haine. En 1882, Jean Jaurès déclarait : Il n’y a qu’une race, c’est l’humanité.

Alors pour que vive l’humanité, toute l’humanité, exigeons un cessez-le-feu immédiat, la levée du siège de Gaza et des négociations pour la paix.


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