Accéder au contenu principal

INTERWIEW DE ZIAD MEDOUKH

Ziad Medoukh, professeur à Gaza, a choisi la résistance pacifique
20 MINUTES, le 22/09/09 à 07h31

Coincé à Gaza, Ziad Medoukh était témoin de l'opération israélienne « Plomb durci ».
Il parle en marchant autour de la table, les mains dans le dos, le regard
à la fois concentré et tourmenté. Professeur de français au lycée al-Aqsa, Ziad Medoukh était à Gaza au moment de l'offensive israélienne. Titulaire d'une bourse du Quai d'Orsay et coordinateur du Centre pour la paix de Gaza, ce Palestinien de 42 ans attendait déjà depuis trois mois que l'Etat hébreu l'autorise à sortir de la bande de Gaza pour rejoindre la France et y faire sa thèse. Confronté au refus répété des autorités, malgré les efforts du consulat de France à Jérusalem et une pétition internationale en sa faveur, il s'est heurté à un mur infranchissable une fois l'opération « Plomb durci » enclenchée. « Tout était bloqué, se souvient-il. Or à Gaza, il n'y a pas de bibliothèque, pas de livres en français et des coupures d'électricité en permanence. » Faute de pouvoir se mettre au travail, Ziad Medoukh s'est donc consacré à ce qu'il pouvait encore faire : témoigner. « Au début de l'offensive, les journalistes n'avaient pas le droit de rentrer à Gaza. J'étais très sollicité par téléphone pour raconter ce qu'il se passait. » Pour recharger son portable, il se rendait tous les jours à l'hôpital de Gaza, qui avait le seul générateur de la ville. Ce qu'il y a vu revient désormais le hanter la nuit. « Des corps déchiquetés, des têtes arrachées, murmure-t-il. Pour ne plus faire de cauchemars, je ne dors plus que quelques heures. Comme ça, je suis tranquille. » Epris de littérature française « engagée » de Malraux, Sartre et Camus, Ziad Medoukh a fini par arriver en France en mars dernier, six mois après la rentrée universitaire. « On m'a conseillé de choisir entre faire ma thèse ou participer à des conférences sur la Palestine. J'ai choisi les deux. » Conférences le jour, thèse la nuit, « entre minuit et quatre heures du matin ». Un travail récompensé par une mention « très honorable » début septembre à l'université Paris-VIII. « C'est un aboutissement et une étape, confie-t-il. J'espère que ça encouragera mes élèves à poursuivre leurs études et leur donnera de l'espoir. » Préoccupé par « l'occupation israélienne » et les divisions interpalestiennes, il s'est assigné la tâche d'éduquer une jeunesse sans horizon et tentée par l'extrémisme. « Moi j'ai choisi la résistance pacifique, et non la résistance armée, bien qu'elle soit légitime face aux colons », explique-t-il.
Lors de son séjour parisien, il a dépeint le contraste entre Paris et Gaza sous forme de poèmes. Il écrit : « En deux mois, j'ai fait des milliers de kilomètres de voyage. Or à Gaza, en deux ans de blocus, je n'ai même pas fait des dizaines de kilomètres. » Mais, à quelques jours de son retour dans sa « prison à ciel ouvert », prévu début octobre, il reste serein. « Ça ne me perturbe pas de passer de Paris à Gaza parce que je savais en quittant ma ville que j'allais y revenir. La France reste un pays de passage. » Son seul regret ? « Ne pas avoir eu le temps de flâner au bord de la Seine ou d'aller au cinéma. Mais ma priorité c'est la paix pour la Palestine. »
F. V.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

  Intervention de L. Bernier, Dole le 25 MARS 2025 Le cessez-le-feu n’a duré que deux mois ! Même si nous étions plein de craintes, lors de notre dernière manifestation le 18 janvier, nous avions salué l’accord qui avait fait naître un immense espoir parmi la population de la bande de Gaza. Depuis mardi dernier, les bombardements ont repris, faisant déjà 730 morts. Alors que déjà continuaient à manquer la nourriture, l’eau, les médicaments, c’est l’horreur qui recommence. L’armée israélienne massacre les civils et pendant ce temps les ministres organisent le nettoyage ethnique de la Bande de Gaza. La tâche est bien répartie. Aux soldats la destruction d’un territoire pour le rendre invivable, aux politiques la mise en œuvre d’un plan destiné à expulser massivement les Palestiniens sous couvert de « départs volontaires ». Une agence dirigée par le gouvernement israélien a même été créée à cet effet. Dans le même temps, en Cisjordanie, notamment à Tulkarem ...

LA PAIX MAINTENANT !

  Intervention de Laurence Bernier, pour le Réseau pour une paix juste au Proche Orient LA PAIX MAINTENANT ! Aujourd’hui, Samedi 21 septembre 2024, c’est la journée internationale de la paix, née d’une décision de l’ONU en 2001. Elle était destinée à l’origine aux institutions (Etats, provinces, communes). Mais il faut bien reconnaitre que ce sont surtout les associations qui la font vivre. « L’année 2024 marque le 25e anniversaire de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration et du Programme d’action sur une culture de la paix. Dans cette déclaration, l’ONU souligne que la paix « n’est pas simplement l’absence de conflits, mais est un processus positif, dynamique, participatif qui favorise le dialogue et le règlement des conflits dans un esprit de compréhension mutuelle et de coopération « C’est pourquoi pour la journée internationale de la paix 2024, nous ap...

Le cessez-le-feu, enfin !

  Intervention de Laurence Bernier, Dole le 18 janvier 2025 L’accord de cessez-le-feu annoncé mercredi dernier a fait naître un immense espoir parmi la population de la bande de Gaza. Après 465 jours de guerre, les larmes de joies accompagnent la douleur des souvenirs, des êtres disparus, des mois de peur, des décombres d’un territoire détruit à 80 %. C’est aussi la fierté de brandir le drapeau palestinien. Pour les gazaouis, ce cessez le feu est une bouffée d’air. Enfin un jour sans bombardement ! Enfin rentrer chez soi ! Enfin l’accès à l’eau, à de la nourriture ! Enfin l’espoir de reconstruire sa vie. Nous avons été mobilisés depuis 15 mois, à Dole et dans toute la France, associations, syndicats, forces politiques, citoyennes et citoyens et nous saluons ce premier pas, fruit de la mobilisation de tous les défenseurs des droits des peuples, des droits humains, du droit international, de la mobilisation de tous les peuples à travers le monde qui ont manifes...